Jaguar XJ-S : Classe et V12 accessible

Au début des années 70, Jaguar est confronté à un grave dilemne : comment remplacer sa mythique type E ? La Type E est vieillissante et sont statut de mythe rend la tâche quasi insurmontable. La tâche sera confiée à la jaguar XJ-S en 1975, mais qui bien que bourée de qualités, restera une voiture incomprise. Pour notre plus grand bonheur aujourd’hui.

En 1975, la magie « type-E » ne fonctionne plus. Elle n’a pas sû faire perdurer son mythe, contrairement à la Porsche 911. La Type E a pris des rides et tient plus de la star vieillissante que d’autre chose. Pour la remplacer, Jaguar lance la XJ-S, basée sur la berline XJ. Mais elle n’enflamme pas les foules… Exit les lignes fluides et les courbes sensuelles. Nous sommes dans les années 70, c’est le temps des lignes tendues et taillées à la serpe.

Au mauvais moment…

Pas vraiment aidée par sa ligne, la Jaguar XJ-S subit la double peine : elle est lancée en pleine crise pétrolière avec un gros V12 de 5.3 litres de cylindrée. Toutes les sportives et les voitures de luxe souffrent. Cerise sur le gâteau pour la XJ-S, l’industrie britannique est secouée par de multiples mouvements de grève qui ne facilent pas son industrialisation. A l’arrivée, les premiers modèles de Jaguar XJ-S souffrent d’une qualité de finition aléatoire et d’un fiabilité problématique.

Pas assez sportive…

La nouvelle jaguar XJ-S a fort à faire pour convaincre ! Trop typée confort et pas assez sport, la XJ-S déçoit la clientèle historique de Jaguar. Son V12 de 5,3 litres affiche certes 265 chevaux et un 0 à 100 km/h en 8 secondes. Des valeurs séduisantes, mais ne procurant guère de frissons avec un V12 ronronnant comme un Chartreux et obtenues avec une consommation moyenne de 20-25 litres aux 100 ! Et crime de lèse-majesté, contrairement à la Type E, la XJ-S n’est pas proposé en cabriolet !


Mais pire que tout, le bois a disparu de la planche de bord, et c’est – véritable hérésie – du plastique noir qui recouvre dorénavant la planche de bord qui comporte pas moins de 18 voyants ! La lignée sportive de la Type E a été sacrifiée et l’on s’aperçoit clairement que le marché visé est américain, gourmand de confort et de puissance plus que de sportivité.
Enfin, elle est beaucoup plus chère : le double du prix d’une E-Type 2+2 à son lancement. Pourtant la XJ-S sait faire une chose que jusqu’alors aucune autre ne peut prétendre dans sa classe de prix. Elle roule très vite sans aucun bruit ni vibrations, dans un confort inconnu pour une GT.

Enfin, un 6 cylindres très attendu

Au début des années 80, le V12 est retravaillé par Michael May, transfuge de chez Porsche. Il travaille sur des chambres de combustion à haute turbulence aboutissant à une toute nouvelle culasse baptisée Fireball et le V12 5,3 litres prend alors l’acronyme de HE (pour High Efficiency). La puissance s’établit dorénavant à 295 ch, la consommation d’essence est divisée par deux et les performances sont au rendez-vous avec une vitesse maximale qui frôle désormairs les 250 km/h.

Mais la véritable nouveauté arrivera en 1983 en proposant parallèlement au V12, un 6 cylindres en ligne de 3,6 litres, revendiquant 221 chevaux. Aussi performante et nettement plus sobre que la V12, tout en était moins chère à l’achat, la version 6 cylindres sera très largement plébiscitée. Pour ne rien gacher, une version découvrable arrive au catalogue.

20 ans plus tard…

En 1988 et 1989, une version spéciale XJR-S est produite en hommage à la victoire de Jaguar aux 24 Heures du Mans. Proposée uniquement sur le marché européen, cette version dispose de jantes et de réglages de suspension spécifiques. Au total, 350 véhicules seront vendus. En 1991, Jaguar est passé dans le giron de Ford. Le V12 passe à 6 litres de cylindrée (plus de 300 ch) et le 6 cylindres se voit porté à 4 litres. La fiabilité s’est largement améliorée et la voiture bénéficie d’un lifting bienvenu. Et un véritable cabriolet, est disponible dès 1988 pour la V12 puis en 1992 pour la 6 cylindres.

C’est le 4 avril 1996 que la XJS tirera le rideau, remplacée par la XK8, au bout de 21 belles années de carrière et 113.413 exemplaires produits (dont 35.959 cabriolets). Finalement, la mal née aura été plus produite que la mythique Type E !

Incomprise, la XJ-S n’est pas une voiture sportive dans le sens « qu’il faut savoir piloter ». Mais ceux qui veulent la suivre transpirent… Et cela reste sans doute le plus gros motif d’incompréhension entre son public et son badge « S ». Pour le plus grand bonheur de ceux qui la connaissent vraiment.