Ou l’histoire d’une voiture artisanale construite à Frégimont à la fin des années 60/début 70.
Il y a quelques temps, Jean-Pierre notre cher Président a entendu parler d’une voiture artisanale qui aurait été construite à Frégimont. Aussitôt dit aussitôt fait, nous partons tous les deux tels des journalistes aguerris voir ce monsieur qui habite à la sortie du village. Nous sommes gentiment reçus avec cidre et petits gâteaux et « Roby » nous raconte l’histoire de cette voiture.
Roby est aujourd’hui un monsieur de 80 ans passés. C’est un bricoleur, un inventeur, un Géo Trouvetou… Tout a commencé à la fin des années 60, où avec un copain, ils décident de construire leur propre voiture. « A l’époque, tout le monde pouvait s’y mettre. Un bon forgeron, un bon mécanicien, il pouvait très bien se monter une voiture. »
Le pari est lancé et l’aventure commence avec des pièces récupérées sur des voitures différentes. Malheureusement, quelques temps après, le copain abandonne pour rester en région parisienne et Roby se retrouve tout seul… Qu’à cela ne tienne, cette voiture il la finira !!
La construction
La voiture est hétéroclite : des trains roulants de Traction d’où un châssis raccourci « il n’était pas si long que ça, du train avant au train arrière, le châssis ne devait pas faire plus d’un mètre, je pense qu’il devait faire entre 80cm et 1m » , le plancher « c’était une tôle nervurée… j’allais pas chercher loin moi ! » (rires), les portières seront récupérées sur une SIMCA, un moteur de R8 « qui devait faire 30 ou 35CV » équipera le tout, un réservoir de Traction ou d’Aronde et un pare-brise de Frégate complèteront l’ensemble… Les pièces sont récupérées à droite à gauche au fur et à mesure que l’auto se construit.
Pour des questions de facilité, la carrosserie était en résine et fibre de verre, mais moulée directement sur un modèle en bois fait maison, avec des matières premières récupérées chez Neveu à Bon Encontre « au début ça allait tout seul et puis à la fin c’était plus difficile… ça leur plaisait pas trop » . La capote sera quand à elle faite sur-mesure par un sellier d’Agen « qui m’a fait une capote en toile avec un petit hublot derrière » . Le bolide sera même équipé de ceintures de sécurité « à l’époque, on commençait à avoir des ceintures, alors moi j’avais mis des ceintures à 2 points parce que je n’avais pas la place… il aurait fallu mettre un renfort pour mettre une ceinture à 3 points » .
L’éclairage était simpliste : « il a fallu faire le câblage. C’était simple, il y avait 2 phares, 2 clignotants, 1 stop, c’est tout ce qu’il y avait sur la voiture… et puis les essuie-glace qui marchaient mais c’était difficile parce que j’avais adapté le pare-brise de la Frégate » .
Roby nous explique que « c’était assez intéressant, il fallait beaucoup réfléchir, beaucoup inventer… se débrouiller quoi ! Et puis il fallait lui donner quand même une forme à peu près… (…) le modèle s’est fait à mesure » .
C’était une décapotable, strictement deux places avec un petit coffre à l’arrière « assez grand mais pas haut » à cause du réservoir d’essence, mais avec de grandes roues de Traction en 400. Une fois assemblée, la voiture porte une petite plaque avec son nom et son adresse.
Roby n’a pas beaucoup roulé car « sans carte-grise, c’était compliqué. (…) Mais c’était assez marrant » . Point de vue tenue de route « elle n’était pas mauvaise (…) le seul défaut que je lui ai donné est qu’elle était un peu trop basse : j’avais mis une garde au sol de 11 à 12cm, j’aurais pu la monter à 13 car elle avait la suspension réglable de la Traction » . Une fois, à la tombée de la nuit, il crève du côté de Clermont-Dessous « heureusement que j’avais une roue de secours ! J’avais un jeune avec moi, alors on a changé la roue et on est rentrés » .
Le temps manquant et ayant d’autres projets en tête, il revend la voiture « pas très chère » et sans papiers après que le bloc moteur ait gelé.
Coup de théâtre !
En 2006, Roby reçoit un coup de téléphone d’une personne qui recherche des informations sur cette voiture après avoir vu une annonce dans L.V.A. Elle a entre-temps reçu une carte grise de collection.
Quelques années plus tard, ce monsieur lui proposera de racheter sa voiture… Roby ne donnera pas suite.
Nous repartons donc de chez Roby avec les coordonnées du dernier acquéreur connu et les 2 photos qui illustrent cet article. Il en possède d’autres mais ce sont des diapositives, rangées au grenier dans une boîte… Un jour quand il aura le temps, il les trieras…