La Jaguar XJS, c’est le coupé pullman des années 80’s. Cuir, bois précieux, moquette épaisse, on retrouve tous les clichés qui font la réputation des anglaises de l’époque. Du couple, de la classe, mais rien de bien sportif… Sauf si vous décidez de l’envoyer faire une cure chez Lister… L’ange se transforme alors en démon !
Difficile de remplacer une icône… Pourtant il faut, à un moment, renouveler la gamme. Ce fut le cas de la Jaguar Type E qui fut doucement poussée vers la retraite pour finir par laisser sa place en 1975 à la XJS. Un beau coupé, classe, avec un long capot pour pouvoir y loger jusqu’à 12 cylindres. Des blocs généreux, coupleux, puissants (pour certains) mais oubliez le sport. D’une, le cuir Connolly, la ronce de noyer, les moteurs électriques et la moquette épaisse, ça fait du poids. De deux, à l’époque, confort rimait avec hors-bord… Ça gitait, ça tanguait, ça prenait du roulis, ça levait le nez ou plongeait au freinage ! Suspensions en mode chewing-gum, la puissance est là, mais l’exploiter en dehors d’une ligne droite, vous fera vite revoir vos ardeurs en vous donnant une leçon de physique avec un rappel sur la dynamique des forces !
Une fois passée par les ateliers de Lister, qui s’est fait connaitre dans les années en 50 en engageant en course des barquettes capables de battre les Type D tout en utilisant le même moteur ! Puis la marque disparait, pour refaire surface en 86 grâce à un passionné, Laurence Pearce. Son père, un ancien pilote qui courrait sur jaguar Type E, est ami de Brian Lister. Laurence lui demande alors l’autorisation d’utiliser son nom pour relancer la marque. Il accepte, juste en gage d’amitié (Va faire ça aujourd’hui…!).
La marque renait de ses cendres, mais plutôt que de retourner sur circuit, Laurence décide de rendre le gros coupé Jaguar plus pompélup ( Ça faisait longtemps !). C’est ainsi que naitra la Le Mans, qui était censée séduire les anglais qui trouvaient la Testarossa trop vulgaire ! Et attention, l’offre fut plus que séduisante…
Sous le capot, le V12 Jaguar est entièrement revu, injection électronique Weber Marelli, couplée à l’allumage, admission, vilebrequin, arbres à cames, pistons forgés, la cylindrée passe de 5,3 l à 7,0 l. La puissance fait un bond magistral, oubliés les 290 ch, pour laisser place à 500 ch à 6200 trs. Même chose pour le couple qui grimpe à 69 mkg à 3850 trs. Chacun est testé et validé sur banc avant d’intégrer son berceau. Ainsi armés, les 12 cylindres engloutissent 25 litres de super, en moyenne ! Mais vous pouvez compter sur un réservoir de 128 litres… Qu’il faudra remplir à 2 reprises en partant de la capitale avec l’espoir de rejoindre la côte d’Azur !
La boite est une Getrag dont l’arbre et les pignons ont été renforcés aidée par embrayage bi-disque AP à commande hydraulique. Elle envoie la cavalerie aux roues arrières de 16′, généreusement chaussées en P Zéro de 245 à l’avant et 335 à l’arrière… Comme une certaine F40. Le châssis, vous l’imaginez bien, est au diapason, et trouve enfin une tenue digne de sa motorisation. Les articulations ne changent pas, mais le réglage est revu pour gagner en réaction. Les suspensions sont confiées à Koni pendant que les points de fixations ont été rigidifiés. La direction est recalibrée, moins assistée mais plus directe. A l’arrière, un bâti tubulaire de renfort a été rajouté, et le demi-arbres porteurs a été abandonné pour laisser sa place à des triangles inférieurs inversés. Enfin pour stopper le monstre, des étriers 4 pistons prennent place dans chacune des roues.
Enfin la carrosserie est reprise avec des feuilles de métal, et pas un kit qui se tordrait à la moindre sollicitation. Le tout pour 1800 kg… On a vu mieux… On a aussi vu pire…!
Les perfs étaient du niveau de la Testarossa, 0 à 100 en moins de 6 secondes, lorsque les pneus réussissaient à trouver l’adhérence, et une vitesse de pointe de 320 km/h.
Sachez que Lister ira même jusqu’à équiper sa bête d’une boite 6 pendant que le V12 recevait une paire de turbos ! Elle offrait plus de 600 ch… Plus que la XJ220 !
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